Dortoir des filles

Portant sa grosse malle sous le bras, comme si elle n'avait aucun poid, Zéphyrine s'avança das le couloir, monta les quelques marches qui menaient au dortoir des filles. Comme chaque année, ce dortoir avait pour la jeune fille un petit quelque chose de rassurant, d'agréable, bref, un peu comme chez elle! Bien qu'ici au moins, elle pouvait à loisir bouquiner dans les draps et tester quelques sorts sans que sa mère ne soit là pour râler parce qu'elle aurait raté quelque chose.

Avec un grand sourire, sans doute le premier grand sourire un peu gaminesque sur les bords qu'elle affichait de la journée, elle longea les lits, ne sachant lequel prendre. Oh et puis, pourquoi pas celui qu'elle prenait chaque année? Celui-là, pas loin de la fenêtre, tout au fond! Oui! Elle allait le prendre. Et puis si quelqu'un le voulait après, il y aurait toujours moyen de s'arranger!

Elle posa au pied de ce lit sa malle et recula de quelques pas, sortant sa baguette de sa robe de sorcière. Elle ne dit rien, voulant tester par elle-même si elle était en mesure de lancer le contre-sort aussi silencieusement que tout à l'heure. Les lèvres closes, elle éfectua une série de courbes gracieuses dans l'air, des reflets verts et rouges venant teindre le haut bout du bois avant qu'une fine pluie d'étincelles ne s'élèves, retombant délicatement sur la malle qui vibra un instant.

Prudemment, Zéphyrine s'agenouilla et ouvrit la malle et... C'était bon! A l'intérieur, tous les objets avaient retrouvés leur taille normale, et aussi leur poid normal. Soulagée, d'une geste de la baguette, ses lèvres murmurant à peine, elle fit s'ouvrir l'armoire qui allait avec son lit, et peu à peu, ses vêtements s'élevèrent dans les airs pour aller se ranger soigneusement. Enfin soigneusement... Les deux dernières robes râtèrent les cintres et tombèrent au sol. Décidément, les tâches ménagères, même magiques, n'étaient vraiment pas son fort! Elle alla les ranger elle-même, et contempla ce qui restait dans la malle. Une photo de famille, quelques objets hétéroclites, quelques bouquins aussi. Elle décida que le reste pouvait attendre.

Après avoir récupéré la photo et un petit panier en laine feutrée, elle referma alors sa malle, la poussant contre son lit de manière à ne pas gêné le passage pour les autres élèves. Enfin, elle contourna le lit pour rejoindre la table de nuit sur laquelle elle posa la photographie où ses parents et son frère ne cessaient de lui faire des signes de salut, avec des sourires plus charmants les uns que les autres. A côté, elle déposa le petit panier avant de glisser sa main dans une autre poche de sa robe pour en sortir son compagnon encore endormi. Pauvre souris! Il était hors de question de le traîner partout, le voyage l'avait suffisemment fatigué. Elle déposa le rongeur dans le petit panier, prenant soin de ne pas trop le secouer et enfin, elle s'assit sur son lit, poussant un soupire de soulagement. Le plus gros était fait!

Mais un silence brusque venant de la salle commune lui fit tendre l'oreille. De là, elle percevait une voix, mais une voix connue, celle de la directrice de leur maison. Sans en attendre d'avantage, elle se leva et se précipita dans le couloir pour rejoindre la salle commune.

Une fois dans le dortoire, Zéphyrine marcha d'un pas un peu trop tendu à son goût jusqu'à son lit au pied duquel trônait la grosse malle qui contenait ce qu'elle n'avait pas encore rangé de ses affaires. Quelle étrange impression! C'était la première fois qu'un garçon l'invitait au bal... Mais après tout ce n'était qu'un bal! Pas de quoi fouetter un chat! Elle alla tout d'abord rejoindre sa table de nuit sur laquelle trottait maintenant son petit compagnon réveillé depuis quelques minutes. Il devait avoir bien dormi, le bougre! Avec un sourire d'amusement, Zéphyrine alla fouiller dans sa malle pour en sortir un paquet de biscuits aux céréales. Du genre qu'elle n'aimait pas beaucoup manger (elle préférait ceux au chocolat) mais qui avaient un franc succès auprès du rongeur. Elle n'en sorti qu'un pour le poser sur la table de nuit où la bestiole alla vite ronger son buttin. Elle ne pourra pas l'emmener au bal! Avec tout ce monde, si il tombait, il pourrait se faire piétiner.

Mais elle n'avait pas tous le temps devant elle et après avoir nourri sa souris, elle se dirigea vers l'armoire dans laquelle elle avait rangé ses vêtements précédemment. Dans le tas, sur un ceintre de métal, entouré d'un papier protecteur, se trouvait la robe que sa mère avait tenu à lui offrir pour le premier jour. La seule chose qui inquiétait Zéphyrine, c'était ce que le papier cachait. Si sa mère aimait tellement lui faire des coiffures complexes et pénibles, qu'en serait-il d'une robe? L'air méfiante, elle déposa le tout sur le lit pour sortir des escarpins un peu plus de rigeur pour la soirée et commença enfin à défaire sa robe de sorcière.

Avec méfiante, elle ôta le papier, révélant une robe à la coupe presque parfaite, de satin et dentelles aux couleurs pourpres de sa maison. Il n'y avait pas de rubans en excès, pas de ces froufrous que Zéphyrine détestait tant. Belle et élégante, sobre mais tout de même de belle matière, elle plu énormément à la demoiselle qui ne pu s'empécher de sourire en pensant à sa mère. Mais le temps pressait, et déjà elle commença à défaire la série de nattes que sa mère lui avait faite. De toute manière elles ne tenaient pas en place. De même qu'elle savait d'office qu'elle ne pourrait pas refaire une coiffure aussi complexe, elle se contenta de se déméler les cheveux, les nattes leur ayant donné une belle forme ondulée. Elle se résolut à une simple queue de cheval, puisqu'au moins, elle était certaine de la réussir. Fixée assez haut sur sa tête, elle laissant ses cheveux devenus ondulés s'écouler en vagues libres dans son dos, jusqu'au niveau de ses genoux, laissant la possibilité à quelques longues mèches de venir danser devant ses épaules. Sans plus attendre, elle termina de se changer, se glissant dans la robe avec prudence, ce cadeau devenu précieux pour elle. La tenue laissait ses épaules à nu, et le bas s'écoulait en légerté jusqu'à ses pieds. Belle robe, vraiment!

Elle glissa ses pieds dans ses escarpins et se pencha par-dessus son lit pour décrocher de sa robe de sorcière l'insigne de préfet. Fallait-il l'afficher? Elle ne savait pas vraiment. Par prudence, mieux valait l'emporter. Elle l'épingla entre les plis du jupons, ce qui lui permettait de l'avoir sur elle sans qu'elle ne soit visible. Elle était presque prête, il ne restait que deux ou trois détails avant de pouvoir redescendre dans la salle commune. Une très très légère touche de maquillage, histoire d'avoir l'air soigné. Même si elle commençait à se douter qu'elle risquait fort de changer de couleur si elle se retrouvait à nouveau dans les bras de Val. D'ailleurs en y repensant avec le décalage, elle se trouvait honteusement stupide d'avoir si étrangement réagit.